Une campagne d’espionnage numérique d’une ampleur inédite secoue actuellement l’Europe. Des clés USB piégées, apparemment anodines, ont été retrouvées dans plusieurs ports maritimes européens, dissimulées dans des colis, des bureaux administratifs ou même offertes en “cadeaux promotionnels”. Derrière cette apparente banalité se cacherait une opération de cyber-espionnage orchestrée par un groupe sophistiqué, soupçonné d’être lié à un État étranger.
Ces dispositifs contiennent des charges malveillantes capables d’infiltrer les réseaux industriels et de prendre le contrôle des systèmes logistiques essentiels à la chaîne d’approvisionnement européenne.
Une attaque d’une précision redoutable
Selon plusieurs rapports de cybersécurité publiés cette semaine, l’attaque a été détectée simultanément dans les ports de Rotterdam, Anvers, Hambourg et Marseille. Les clés USB infectées ont été soigneusement distribuées dans des zones stratégiques, notamment les bureaux de douane, les entrepôts logistiques et les systèmes de supervision des cargaisons.
Une fois connectées à un ordinateur, les clés déploient un malware furtif conçu pour exfiltrer des données confidentielles, détourner des accès administrateurs et cartographier les réseaux internes. L’opération, baptisée « SeaSpy » par les experts, aurait débuté dès le mois d’août 2025, mais n’a été révélée que récemment après plusieurs incidents concordants.
Des indices pointent vers un groupe d’espionnage d’État
D’après les analyses techniques, le code malveillant présente des similarités troublantes avec les outils utilisés par TA410, un groupe de cyber-espionnage connu pour cibler les infrastructures critiques et les entreprises d’énergie. Les signatures de chiffrement et les canaux de communication rappellent également ceux observés dans des campagnes liées à la Chine et à la Russie, sans qu’aucune attribution officielle ne soit confirmée.
Un haut responsable de la cybersécurité européenne a déclaré sous couvert d’anonymat :
“Les attaquants ont une connaissance très précise du fonctionnement des ports et des systèmes logistiques. Ce n’est pas l’œuvre d’un simple groupe de hackers opportunistes.”
Objectif : infiltrer la logistique européenne
Les ports constituent une cible stratégique majeure pour tout acteur cherchant à fragiliser une économie. En accédant aux serveurs des opérateurs portuaires, les attaquants peuvent suivre les mouvements de conteneurs, altérer les manifestes de cargaison, ou encore retarder des expéditions clés.
De telles manipulations peuvent provoquer des pertes économiques considérables, voire des désorganisations ciblées des chaînes d’approvisionnement — un levier de pression géopolitique discret mais redoutable.
Les experts estiment que certaines clés USB infectées ont pu être livrées via des entreprises partenaires ou des prestataires de maintenance, profitant de la confiance interne pour pénétrer les systèmes.
Des failles humaines avant tout
Malgré les technologies de sécurité modernes, l’humain reste le maillon faible. Les enquêteurs rapportent que la plupart des infections ont eu lieu après que des employés ont, par curiosité ou réflexe professionnel, branché les clés trouvées.
Les malwares se sont ensuite propagés en silence via des partages de fichiers et des connexions à distance non sécurisées.
“Les pirates exploitent la psychologie plus que la technique. Ils savent que la curiosité, ou le simple besoin d’efficacité, suffit à contourner les protocoles de sécurité,” explique Élodie Ferrand, analyste en cyberdéfense au CERT-FR.
Une riposte européenne en préparation
Face à l’ampleur de la menace, l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA) coordonne désormais la réponse. Des alertes ont été envoyées à tous les opérateurs d’infrastructures critiques — ports, aéroports, centrales, entreprises de transport.
Des protocoles de confinement ont été activés : désactivation temporaire des ports USB, vérification manuelle des périphériques, et audit complet des systèmes internes.
Les entreprises sont également invitées à renforcer leurs formations internes pour sensibiliser leurs employés à ce type d’attaque.
Vers une guerre numérique silencieuse
Cette campagne illustre une nouvelle forme d’espionnage où la frontière entre cyberattaque et sabotage industriel devient floue. Les ports européens, déjà au cœur des tensions commerciales mondiales, deviennent des zones de guerre numérique où chaque clé USB oubliée peut être une arme.
Les experts craignent que ces attaques ne soient que le premier acte d’une série d’opérations coordonnées visant les infrastructures critiques européennes.
L’Europe, dépendante de ses flux logistiques et maritimes, doit désormais considérer la cybersécurité comme un enjeu de souveraineté au même titre que la défense militaire.
